Dans le cadre des 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz, l’académie de Dijon met à l’honneur le documentaire "Ady Steg, un parcours juif, une histoire française", réalisé par Isabelle Wekstein-Steg. Ce film, diffusé sur France 2 le 14 janvier 2024, retrace le parcours exceptionnel d’Ady Steg, grand humaniste et défenseur des valeurs républicaines. À travers ce témoignage poignant, il s'agit d'inviter à une réflexion sur l'histoire, la mémoire et les valeurs universelles qui fondent notre société.
L’académie de Dijon est fière de proposer ce documentaire gratuitement aux établissements scolaires et de mettre à disposition un dossier pédagogique pour accompagner les enseignants dans ce travail de mémoire.
Introduction
Dans le cadre d’une convention de partenariat entre notre académie et les sociétés CINETEVS/S.W.I.M., le documentaire Ady Steg, un parcours juif, une histoire française, diffusé sur France 2 le 14 janvier 2024, est mis gratuitement à disposition des établissements scolaires publics et privés sous contrat de l’académie de Dijon et de toutes les autres académies.
Je remercie vivement Isabelle Wekstein-Steg, réalisatrice et co-productrice, d’offrir à tous nos élèves cette opportunité de réflexion salutaire sur notre histoire et nos valeurs humanistes, à partir du parcours de vie tout à fait exceptionnel d’Ady Steg. Je suis également très fière que le site de l’académie de Dijon héberge le dossier pédagogique qui accompagne le film et auquel ont contribué Mathias Dreyfuss et Rachid Azzouz. C’est une aide précieuse pour les équipes pédagogiques et éducatives, je les en remercie très sincèrement.
Je souhaite la diffusion la plus large de ce documentaire, au sein des programmes d’enseignement et lors des moments républicains comme le 27 janvier, Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité, ou lors de la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme en mars.
En ces temps de recrudescence de l’antisémitisme et de repli communautaire, il semble très important de présenter aux élèves cet homme attaché à la fois à la République française et à sa judéité, fervent partisan de la laïcité qui lui permettait cette double fidélité. Humaniste aux multiples combats, de la Résistance à l’organisation actuelle des urgences à l’hôpital, de la défense des Droits de l’Homme à la lutte contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme, c’est l’exemple incarné de la possibilité du « vivre ensemble » en France.
Mathilde GOLLETY, rectrice de l’académie de Dijon
Préface
Ady Steg.
Force est de le constater : le nom de ce grand médecin, aux fidélités et aux engagements multiples, est aujourd’hui relativement méconnu du grand public, éclipsé par ceux de Simone Veil ou de Robert Badinter, ses illustres contemporains. L’itinéraire d’Ady Steg (1925-2021) constitue pourtant un jalon essentiel, quoique discret, de l’histoire tourmentée des Juifs de France au 20e siècle. Plus largement, à travers la figure d’Ady Steg, c’est une page importante de l’histoire contemporaine de la France qui se dévoile, comme le sous-titre du documentaire empathique d’Isabelle Wekstein-Steg le laisse entendre : un parcours juif, une histoire française.
Une histoire douloureuse, dans laquelle la Shoah et sa mémoire occupent une place centrale. Il faut ici rappeler le rôle crucial d’Ady Steg, aux côtés de Simone Veil, pour inscrire l’enseignement de l’histoire de la Shoah dans les programmes scolaires français, comme plus tard, dans la commission Mattéoli devant statuer sur l’indemnisation des victimes françaises du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Mais la longue vie d’Ady Steg permet aussi de retracer, de façon sensible et incarnée, les espoirs nourris après 1945 pour reconstruire un judaïsme français traumatisé par la perte de nombreuses victimes, comme par la trahison par le régime vichyste du pacte républicain noué cent-cinquante ans plus tôt, accordant aux Juifs de France les droits civils et politiques.
Ady Steg est un homme qui eut plusieurs vies en une vie : celle du jeune enfant juif immigré d’Europe centrale fuyant les pogroms et la misère, celle du résistant déployant un courage exceptionnel face à l’Occupant allemand, celle du prestigieux urologue ensuite, réformateur (entre autres) du système des urgences médicales, celle enfin de l’homme engagé dans les instances communautaires juives, confronté aux nombreux défis de l’après-guerre. Ady Steg fut ici de tous les combats : celui de la libération des Juifs d’URSS pris dans la tourmente de la Guerre froide et d’un antisémitisme soviétique à peine voilé, celui de l’accueil des Juifs d’Afrique du Nord qui, selon ses dires, « désinhibèrent » le judaïsme ashkénaze dont il était héritier, celui de la création de l’État d’Israël et du tournant opéré par la guerre de 1967 dans la politique étrangère de la France, celui du négationnisme enfin et des attentats antisémites qui endeuillèrent la France à l’orée des années 1980.
Le fil conducteur de ces multiples engagements est la vision humaniste et universaliste qu’Ady Steg puisa aux sources de la tradition juive et dans son éducation sur les bancs de l’école de la République entre les deux guerres. En cela, le documentaire d’Isabelle Wekstein-Steg permet un formidable exercice de micro-histoire dont les vertus pédagogiques ne sont pas à démontrer, faisant résonner l’itinéraire personnel d’un individu « exceptionnellement normal » avec les grands enjeux et questionnements de la période étudiée.
Parmi ses engagements, celui comme président de l’Alliance israélite universelle de 1985 à 2001 rappelle celui de son illustre prédécesseur à la tête de la même institution, Adolphe Crémieux (1796-1880). Ady Steg partagea avec ce dernier le même prénom mais surtout la même ambition : faire de l’éducation un moteur essentiel dans la diffusion des valeurs universelles d’égalité et de fraternité pour en faire un outil d’émancipation contre la haine et l’obscurantisme.
La vie d’Ady Steg est un exemple d’autant plus nécessaire à méditer aujourd'hui, à l’heure d’une résurgence alarmante de l’antisémitisme en France, singulièrement à l’école.
Pour toutes ces raisons, ce documentaire et l’exploitation pédagogique qui en est proposée forment des outils salutaires dans le combat impérieux de la République contre l’antisémitisme et pour la défense des valeurs humanistes au fondement de nos sociétés démocratiques.
Mathias DREYFUSS, délégué-adjoint DILCRAH
Le film
Le dossier pédagogique
Ce dossier pédagogique propose quelques pistes pour préparer les élèves à la projection de ce documentaire de 52 minutes. Il a été réalisé par Rachid AZZOUZ, Inspecteur Général de l’éducation, du sport et de la recherche, et Pascale GOUTAGNY, IA-IPR d’histoire-géographie.
Mise à jour : janvier 2025