Antoine, pouvez-vous, en quelques mots, nous présenter votre parcours ?

A la sortie de mon baccalauréat général scientifique en 2005, je me suis orienté vers une licence de psychologie. J’ai été sensible aux notions d’écoute active, d’analyse et aux concepts découverts tout au long de cette première étape de ma formation. Après avoir envisagé diverses poursuites d’étude en master, j’ai senti que le métier ne me conviendrait peut-être pas pleinement et ai cherché ce qui pourrait me convenir. C’est en me renseignant que j’ai redécouvert le métier de conseiller principal d’éducation, en mettant de côté la vision élève que j’en avais, et en découvrant la globalité des missions d’un CPE. Cela m’a beaucoup intéressé et mon choix est rapidement devenu une évidence.
En 2010, j’ai donc décidé de poursuivre mes études en Master MEEF : Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, avec une spécialité encadrement éducatif à l’université de Rennes. Je suis également devenu assistant d’éducation en parallèle en lycée professionnel avec une partie de mon service en internat, pour pouvoir découvrir l’éducatif au cœur d’un établissement, le fonctionnement et me préparer au concours.
Depuis ma réussite au concours, j’ai eu la chance d’exercer dans différentes académies : Rennes, Créteil, Lille, Dijon ; et dans différents types d’établissement. Je suis aujourd’hui CPE en lycée des métiers avec des filières hôtellerie restauration et sanitaire et sociale et me prépare à une prochaine étape dans ma carrière après avoir réussi le concours de personnel de direction.

En quoi consiste votre rôle de conseiller principal d’éducation ?

Avant de m’orienter dans cette voie, ce qui m’a attiré dans mon métier, c’est l’éducation des jeunes : pouvoir leur permettre de grandir et de réussir par de nombreuses actions et modalités d’intervention.
Puis j’ai découvert cette place « centrale » du CPE, au cœur de l’établissement et de sa politique éducative. Notre rôle de conseiller est très important auprès de tous nos collègues, auprès de l’équipe de direction, mais aussi dans le travail avec les familles. Il s’agit en effet de mettre les élèves dans des conditions idéales d’apprentissage et de coopérer pour permettre à chaque élève de réussir, de s’épanouir et de s’insérer professionnellement. Les guider dans tout cela n’est parfois pas une mince affaire !
J’ai découvert la richesse et l’importance de ce lien avec les familles qui fait partie intégrante du suivi pédagogique et éducatif de nos élèves. Même si le contact se crée trop souvent par le biais du respect de la règle, cela permet souvent d’échanger sur le jeune dans sa globalité et de l’accompagner au mieux. C’est d’autant plus important pour permettre la persévérance scolaire et éviter le décrochage. C’est aussi en investissant ces temps d’accompagnement qu’on peut contribuer à l’amélioration du climat scolaire.
Mais ce n’est pas suffisant, il est aussi nécessaire d’agir sur la cohérence d’équipe, et notamment au sein de l’équipe Vie scolaire. Je suis très attaché à ce pan de mon travail : animer et gérer l’équipe vie scolaire, guider les assistants d’éducation, leur permettre de se former et de se professionnaliser pour trouver leur voie. C’est ensuite, ensemble, en équipe, qu’il est possible d’assurer la qualité du service.
Enfin, la création de projets éducatifs, et le travail autour de la citoyenneté avec les élèves me tient beaucoup à cœur : permettre aux jeunes de devenir des citoyens par un engagement dans leur établissement ou à l’extérieur mais aussi par un travail autour de nombreuses questions comme l’égalité femme homme, la lutte contre les discriminations ou plus largement pour développer le vivre ensemble.

Pourriez-vous nous décrire une journée type ?

Mon premier réflexe serait de dire non. C’est justement ce que j’aime dans ce métier. Il n’y a pas de journée type, chaque jour est différent. Nous avons, bien sûr, plusieurs fils conducteurs dans notre quotidien mais les jours ne se sont jamais les mêmes. Il faut s’attendre à être très souvent interrompu, à être sollicité pour de nombreuses questions (qui ne nous concernent parfois pas directement) et à vivre des moments stressants.
Entre réunions, entretiens avec les élèves, échanges avec les autres personnels de l’établissement, gestion du service, action éducative, surveillance, mais aussi gestion de l’urgence, imprévus et adaptation constante ; pour moi c’est passionnant.

Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ?

C’est pour moi un métier très riche au sein de l’Éducation nationale et très formateur. Il nous est donné de nous investir dans plusieurs champs professionnels et de développer un grand nombre de compétences : Travail en équipe, adaptation, organisation, gestion d’une équipe, relation humaines, dynamique de projet, écoute, mais aussi et surtout : bienveillance, exigence et patience. Il faut avant tout aimer travailler avec les élèves.
Ce sont souvent les moments simples qui nous restent : les remerciements d’une famille que vous avez longuement accompagnée, les sourires des élèves le matin au portail, les projets avec eux et leur fierté de les monter, …
L’essentiel reste de voir les élèves s’épanouir, s’émanciper progressivement vers l’âge adulte. Ce travail quotidien contribue à faire de nos élèves de futurs citoyens éclairés et insérés dans la vie sociale et professionnelle.
Mon expérience m’a aussi permis de grandir professionnellement et d’envisager cette poursuite de carrière qui s’ouvre devant moi : devenir personnel de direction.

Si vous aviez un argument, un conseil à donner pour devenir CPE ?

Je me répète, mais c’est un métier passionnant, enrichissant et multiple dans lequel on apprend chaque jour un peu plus. Avant de s’y engager, je conseillerai de postuler en tant qu’assistant d’éducation pour une première découverte d’un service vie scolaire.

Pour finir, une question portrait chinois : Si vous étiez une œuvre ?

Le poème If de Rudyard Kipling, est pour moi une des œuvres qui me touche le plus et qui illustre beaucoup des valeurs éducatives qui me portent.